Le beau temps

Te voilà mon ingrat ! Viens là, que je te serre dans mes bras, que je te hume ! Il n’y a pas à dire, tu sais te faire désirer toi ! Mais viens donc ! Ne sois pas timide, ils t’attendent tous.

Ah! Si seulement… Excuse-moi ce soupir, mais vois-tu, c’est qu’à chacun de tes retours je ne peux m’empêcher de me dire que si seulement tu étais arrivé un peu avant, peut-être que ceux qui désespéraient tant, n’auraient pas fait le grand saut; commis l’irréparable.

Ne vois pas là une critique de ma part. Je suis si content de te voir ! Sais-tu seulement à quel point les jours sont tristes quand tu n’es pas là ? Et combien ta lumière et ta chaleur nous manquent ? On se languit si longtemps de ton retour. Quand le ciel n’est que gris et que nos os sont transis, certains se laissent emmener par les grands maux.

Ah ! Ce foutu malheur qui aime tant le froid et les pleurs ! Il frappe sans semonce; au corps comme au cœur. Puis, il s’incruste dans l’air comme dans la chair. On nous annonce sans cesse ta venue, mais avec bien peu de signes auxquels accrocher notre foi. Même un homme sensé en vient à douter.

Il est vrai que ta mère est d’une nature capricieuse et ne daigne te laisser sortir qu’à ses bonnes heures. Elle fait fi des convenances, la harpie ! Mais il nous faut l’excuser, la pauvre est en ménopause !

Mais quel hôte suis-je donc à te fatiguer avec mes jérémiades ?

Levons nos verres et festoyons, mes frères ! Le beau temps est revenu !